La Femme barbare ( Chapitre 11 )
Publié le 4 Août 2017
La Femme barbare
Chapitre 11
Qui sème le vent
Sur la route en direction de Biarritz, dès les premiers kilomètres parcourus, le téléphone de sa conjointe ne tardât pas à sonner. « Allo oui ?... » Le couperet ! Sa respiration à Lui se coupa net, sous la lame qui allait le trancher.
« Oui ma biche, je te l’ai envoyé .Tu le recevras des demains…et blablabla... et blablabla … »
Le couperet n’était pas encore derrière cet appel. Ce serait derrière le prochain, ou celui d’ après, mais il viendrait . Il n’en doutait pas. Il n’y avait pas à douter. Elle avait mis trop d’énergie à le défigurer, à le flinguer, à le foutre en l’air, trop pour qu’elle fasse machine arrière. D’une certaine manière, même si elle pouvait encore se retenir, elle s’y était obligée, par orgueil, par bêtise, par détestation d’Elle-même . Comme si la destruction de ce couples allait la soulager de ses douleurs intérieures, de ses fantômes à Elle. Dans la folie, il n’y a point de courage, juste de l’irrationnel. Et Il n’avait pas fini, tout au long de la journée, de se prendre des décharges, à chaque appel, à chaque sonnerie." Qu’elle en finisse, bon sens, qu’elle en finisse et que l’on en parle plus."
Il n’y avait pas d’autre bruit dans la voiture que le ronronnement monotone du moteur. Le long ruban de l’autoroute était enseveli dans un paysage pluvieux et ouateux. Dans l’attente du supplice, Il se repérait en boucle dans sa tête, son argumentaire, ses argumentaires au pluriel .Mais il ne savait pas lui-même ou il voulait aller .Dans l’immédiat peut-être. Il souhaitait atténuer sa douleur de l'avoir perdu, Elle , cette amante , de s'être perdu dans celle qui avait traversé sa vie comme un ouragan dévastateur . Mais après, que faire ? Ou aller ? Pourquoi faire ?
La première chose qu’il commencera à dire :
- Je savais qu’elle allait t’appeler. Elle me l’avait dit. Elle me menaçait depuis quelque temps ….Je l’attendais cet appel. Si ce n’était pas Elle qui...Ce serait moi qui…. Tu …Je… »
Et à partir de là, il ne savait plus. Il y avait plusieurs versions probables, plusieurs directions possibles, toutes opposées les unes aux autres. Les premiers mots seraient déterminants. Il avait le choix entre tout nier pour sauvait ce qu'il pouvait l’être , ou trouver avantage à renaitre de cette terre brulée par Elle. Renaitre dans la douleur ou mourir dans le confort de bras qu'il savait depuis longtemps si froids , mais sans rugosité .Il pouvait tout aussi bien rester avec cette épouse , qui allait le vitrifier dans une déchéance certaine et acceptée .Tel était ce choix et il devait décider maintenant, en dix mots, prononcé en moins de dix secondes.
Mais Il ne savait plus. Peut-être valait-il mieux s’en remettre au hasard ! Vingt-cinq années jouées à la roulette. A moins que ce soit son épouse qui le pousserait dehors. Et là, Elle, l’amante, elle aurait sa victoire, la destruction du couple et l’humiliation de l’homme par la femme trahie , coupable mais trahie . Certaines maitresses précipitent le divorce de leur amant, trop hésitants, pour le récupérer définitivement. Cela n’était pas son cas à Elle. Elle, elle voulait juste détruire cet homme parce qu’elle s’était persuadée, qu’une fois ensemble, en couple, il la quitterait. Il la quitterait comme son père avait quitté sa mère. Et même pas une bonne mère, car elle avait détruit le père de ses enfants, qui aurait dû le rester, même après le divorce.
Cet homme, ce père, pour qu’elle raisons, avait-il quitté cette épouse, cette mère ? Qui voulait les entendre ses raisons ? Qui était témoin de l’intimité du couple ? La parole d’un père est à peine audible, alors celle d’un homme ! L’homme, en tant homme , aux yeux de la société est devenu un mineur, un mineur responsable, donc condamnable. Et les juges, avaient condamné cet homme, comme tous les hommes partis, partis par default de raisons audibles , partis pour de vraies raisons, pour de légitimes raisons. Les hommes d’aujourd’hui, dans un inconscient collectif payaient des millénaires de domination. L’homme occidental payait pour l’asservissement des femmes d’autres civilisations, pourtant contemporaines. Dans la névrose de cette amante , à la passion meurtrière, la mère et la justice avait conjointement leur part de responsabilités.
Maintenant, lui, il devait décider, de l’un de ses plus importants virages de sa vie. Il pouvait envisager plusieurs hypothèses possibles .Mais ce dont il était certain, c’est qu’il n’y aurait pas de bonnes nouvelles, pas de bonnes solutions, pas dans cette situation.
Cette amante, allait-Elle prendre de la hauteur et fixer un rendez-vous, pour une explication entre femme, entre adulte ?
" Bonjour Madame !. Je suis en cours de danse dans la même école que votre mari ... Oui bonjour , pourrais-je vous rencontrer ?...Oui c'est important. … Ah vous partez en vacances avec Lui ! Bien sûr, cela peut attendre votre retour. "
Allait-elle tout déballer au téléphone ? Méthodique, glaciale , mots espacés , entendre sa rivale se déliter , sa respiration se désarticuler , sentir son regard transpercer cet homme qu’elle voyez maintenant comme abject , qui la conduisait en voiture vers le sud . La cruauté à l’état pur. Cette amante avait déjà montré ce dont elle était capable.
Allait-Elle tourner à l'Hystérie , montant d'un ton à chaque couplet , plus haut à chaque phrase , allant jusqu'aux hurlements , les mots crus , les accusations , la déraison , La folie !
Curieusement, cela n’était pas la pire des choses pour lui . Cette folie serait même un prétexte pour trouver des arguments dans sa défense.
- C’est une folle qui me poursuit depuis quelques semaines .Une Hystérique que tous les hommes lassés par ses crises, ont fini par laissait sur le carreau. C’est une bien trop jolie femme pour son âge , trop friquée pour être honnête . Elle fait beaucoup trop de sport ! Et comme par hasard, elle est la meilleure danseuse de notre cours .Il faut dire que la moyenne est tellement nulle ! C’est difficile de ne pas la remarquer. Elle roule en Porsche pour mieux attirer les hommes dans ses filets. Mais elle est toujours seule dans la vie. Et toujours en recherche de male à détruire. Cela confirme bien que derrière cette trop belle vitrine, quelque chose est déglinguée. C’est une hystérique en manque d’affection et de sexe. Elle se fait jouir en détruisant les couples des autres ! Il parait qu’elle a eu une enfance difficile ! Mais cela n’excuse pas tout ! En tout cas, pas son comportement envers moi, et encore moins avec toi !
Ainsi dégagé de cette ornière, Il pourrait choisir son jour et son terrain pour annoncer à cette épouse qu'il allait la quitter. Non pas la quitter pour une autre femme, pour un lit plus accueillant, pour une qui savait et qui aimait faire l’amour , pour une femme qui ferait bon accueil à sa saine et riche cuisine à Lui, une qui sortirait avec Lui , une qui vivrait vraiment avec Lui , par amour pour Lui . Oui, il la quitterait. Mais parce qu'il pouvait encore supporter cette épouse, mais plus sa névrose. S'eut été finalement plus cruel. Mais s'était la cruelle vérité.
Mais cette solution ne cadrait pas avec la finesse d’esprit de cette amante, avec son intelligence mise au service de ses vices. Lui il penchait plutôt pour la dénonciation de sa faute sous couvert de roublardise, de bienveillance envers son épouse.
- Oui bonjour , je peux vous parler… ah vous êtes en voiture avec votre mari !....Et bien sachez que votre mari vous trompe et vous a toujours trompée …oui je sais , vous deviez vous en douter ….oui c’est douloureux …. C’est un chasseur votre mari, un manipulateur narcissique. Je viens d’en être une de ses victimes …
Et Elle attendrait pour entendre l’effet de sa dernière phrase ! Le poison dans les veines…
- Moi, je ne pourrais pas vivre avec un sale mec ! A votre retour, si vous souhaitez me contacter, appelez-moi sur le numéro qui s’affiche .Je suis à votre disposition. Moi aussi je me suis faite avoir. Comme je vous pleins d’avoir un tel mari. A bientôt peut-être. Je regrette sincèrement ce qu’il vous arrive.
Apres cette dose concentrée de LSD , de feu de Saint Antoine , allait-il voir son épouse exploser en vol , hurler et s'effondrer en larme , en cris , en insultes , des débris plein la carcasse .
Et Lui, entre deux culpabilité et l'envi de vivre, comment allait-il réagir .Il savait son épouse fragile. La nuit, il angoissait de ne pas l’entendre respirer. Dans sa famille à elle, la vie comptait peu .C'était à peu près le seul courage qu'ils avaient, au milieu de tant de petites lâchetés quotidiennes .Lui aussi se sentait trahi, d’avoir épousé la femme qu’elle n’était pas. Mais il ne lui voulait pas de mal .Il l’avait sincèrement aimée. N’était-ce pas finalement l’occasion d’en finir avec son couple qui l’écrasait du poids de ses habitudes, du désamour, du terrible ordinaire.
Mais il était trop fragile, trop ébréché, trop à vif pour décider sereinement du restant de sa vie en ce moment. Tout pouvait se jouer sur un instant, sur un instant seulement. Et c’était dommage.
Il avait aussi pensait à esquiver. Il avait pensé à être lâche .Il avait pensait à mentir .Ou plutôt partir du vrai et tordre la réalité. Pour sauver les apparences. Pour maintenir sa bouée de secours à flot. Pour ne pas se retrouvé dans un appartement vide, cherché au dernier moment. Parce qu’il avait encore de la tendresse pour sa conjointe, un passé épais construit en commun, une famille, et qui se disperserait maintenant. Et puis il y avait eu de l’amour, beaucoup d’amour .Et cela, quel que soit sa conduite actuelle, on ne pouvait pas lui élever .Mais cela, c'était avant la naissance des enfants. A partir de là, il n'avait plus guère compté pour elle. Elle avait fait des enfants pour elle. Elle voulait faire des enfants comme elles .Et les enfants avaient pris des chemins différents de ce que leur mère avait souhaité. Et elle en crevait .Et après l’avoir mis de côté, Lui, elle le punissait de ses mauvais enfants, avec ses dépression, avec sa mélancolie à répétition. Emil Cioran disait : "Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter «. Parfois l'humanité pourrait se passer de certains de ses génies.
Quelle escroquerie le mariage. Bien sûr qu'il voulait avoir des enfants. Et surtout avec elle. Mais il ne fallait pas que cela devienne une purge. Il savait très bien ou mène les couples qui se referment sur leurs enfants , pour ne pas se dire leur vérité à eux , leur vérité sur eux , sur leur couple qui n'en est plus un .Et les enfants finissent par en crever de ce couvercle impossible à soulever .Ou il finissent par s' enfuir , trop tôt et très mal ; tous perdant . Leur mère avait fait des erreurs, notamment au niveau de l’alimentation, un gros pot de Nutella par semaine et par enfant. Ils triaient, comme elle, tous ce qu'ils ne voulait pas découvrir dans leurs assiettes .C'est vexant de faire la cuisine pour quelqu'un qui vous en laisse les trois quart et qui mange à la cuillère du Nutella , en guise de dessert . Il avait fini par faire la cuisine pour lui seul. Les autres avaient droit aux pâtes à l 'eau et au beurre . Devant la lâcheté de cette épouse, il avait démissionné, enfin pour eux, pas pour Lui. Il se disait bien que tôt ou tard , ses odeurs d'huile d'olive , ses purées de cèleri relevé par une réduction de chorizo et d’ail confit , les enfants seraient tirés par les narines et sortiraient de leur nourriture pour maternelle attardée .Mais la mère faisait de la résistance . Elle croyait perdre son ascendant sur sa progéniture en leur décriant la cuisine de leur père, qu’elle disait trop grasse. Trop grasse par rapport au Nutella ... Les femmes ont une capacité d'abstraction étonnante .
- Regarde toi, tu es en surpoids, pas les enfants !
Mais à vingt ans , à cause de la malbouffe , c'était les enfants qui était en surpoids , pas lui ! Et déjà ils donnaient des signes d’une santé aléatoire.
Egalement elle entravait toute véritable activité physique, le sport en équipe .Parce ce que dans cette société ou chaque enfants est élevé comme un enfant unique, apprendre la solidarité, l'effort partageait , la récompense ou la défaite , soutenue dans et par le groupe . Cela est un sacré sésame pour vivre en société ...la chasse aux mammouths est un sport d'équipe !
Avec cette épouse, il vivait une vie sans projet affectif, un lendemain sans lendemain. Une vie ordinaire pour un homme ordinaire ! Enfin pas tout à fait. Et ce pas « tout à fait » , le rendait presque extraordinaire. Il y avait de la vie en Lui. A bien réfléchir, pour l’instant, il allait se donner du temps. Il allait essayer de composer avec le réel.
- C’est une folle, comme il y en a tant dans les cours de danses .Tu de souviens de... Et bien c'est la même, Une faiseuse d’histoires ! Tu sais, comme ta cousine Catherine , Jamais contente ! Et puis toute ses célibataires qui font de la danses en couple, qu’est-ce qu’elles cherchent vraiment ? Cela leur monte à la tête d’être dans les bras des hommes. Et celle la me harcelle depuis longtemps , nous harcelle je devrais dire ! N’y attache pas d’importance, elle se calmera dès qu’elle aura trouvé un nouvel os à ronger, ou une nouvelle bite à sucer, pour être tout à fait vulgaire. Elle ne vaut pas mieux que la merde qu’elle répand autour d’elle.
Il n’était pas fier de son jeu de mots. Mais Elle, elle l’avait sali. Alors pourquoi se gênerait ‘il ?
- Et surtout, tu l’envoies promener ! Cela se voit sur sa tête qu’elle est enragée. Et à son âge, des jupes si courte .Est-ce que tu en portes des jupes courtes ?
Oui mais il aurait bien aimé que sa compagne porte des jupes un peu plus courtes. Qu'elle soit un peu plus femme, comme Elle.
- Je t’avais mainte fois dit que tu avais eu tort d’abandonner les cours de danses. Cela aurait évité ce genre de problème. Tu nous as mis en danger ».
Sauf que cela, c'était plus que vrai.
- Tu m’as planté et voilà la suite logique. Comme j’étais indifférent, Elle y a mis le paquet. J’ai eu la bêtise de la laisser venir, trop confiant, d’avoir enfin une cavalière à mon niveau. J’en avais assez de danser avec des petites mamies . Cela peut se comprendre. Et puis tout le monde, elle comprise savaient que nous étions mariés. Mais comme je n’ai pas céder à son charme, cela devait lui être insupportable. Et elle est partie en délire. Et comme elle a raté tous ses couples, elle flingue les autres couples qui tiennent encore. Comme ta cousine. Classique ! Notre époque est pourrie. Nous allons porter plainte contre elle. Cela la calmera ! »
Tout était vrai, mais tout était faux. Il retournait la faute contre sa conjointe, en passant par le truchement de cette cousine, forcement proche, forcement impardonnable. De la manipulation à zéro euro . Mais ces arguments aussi pitoyables étaient-ils, pouvaient quand même trouver leur planche de salut. Son épouse pouvait faire semblant de le croire, si cela l’avait arrangée. Si elle avait la conscience embuée, elle aussi. Si elle avait peur également du lendemain. La séparation, bien sûr qu’elle y avait déjà pensé. Enfin, elle pouvait y croire à cette explication jusqu’au jour où elle aurait besoin de ne plus y croire. De se construire une autre vérité, une vérité qui s’oppose à une vérité désormais passée, périmée. Et là ..là…Cette histoire de pantalonnade de son époux remonterait à la surface, pour valider un nouveau présent, un présent en devenir de devenir une réalité avec un autre homme. Souvent, non pas souvent , parfois , elle disait que cela ne l’aurait pas dérangée de vivre avec un hommes avec de jeunes enfants .
La branche était à moitié sciée
( à suivre )