La Femme barbare ( Chapitre - 25)

Publié le 28 Septembre 2017

Sous le viaduc en beton sur la Charente  : Photo Alcide Sarin

Sous le viaduc en beton sur la Charente : Photo Alcide Sarin

La Femme barbare  ( 25)

 

 

Chapitre 25

 

Le gris sur du gris, cela devient du noir, du noir total.

 

Devant le miroir de sa salle de bain, Elle refaisait son maquillage, jamais trop, jamais pas assez. Juste ce qui fallait pour gommer les petites imperfections, un peu plus nombreuse avec l’âge, accentuer le regard, le rendre plus intense et précis, précis comme le trait d’eye-liner qu’elle appliquait justement avec précision, juste au-dessus de ces cils, soigneusement lissés. Avec son nez relevé , ses yeux expressifs  légèrement en amande et   ses  fins cheveux  raide  qui tombaient en carré  , cela lui donnait un air de Cléopâtre .Elle serait de toute façon la reine de la soirée .Lui,  pendant ce temps  , il frottait sa bouche contre ses épaules, en de délicats et abondants baisés , Lui caressait le ventre, se frottait contre ses fesses .Dommage qu’ils n’avaient pas le temps de faire l’amour. Lui avait envie d’Elle .Elle peut être pas.  Peut-être que  l’histoire du Maire dévoyé  lui rappelait qu'elle n’avait  pas tout à fait elle aussi, les fesses  propres . Sinon, elle n’aurait pas hésité à les mettre en retard .Cela c’était déjà produit, mais avec l’autre, avec Victor , le type d’un dimanche matin. Et  dans le café le West Coast , entouré de ses amis motards  , c’était lui qui avait attendu , attendu longtemps  même.

 

Elle lui demanda conseil sur une robe noire avec des fils d’ors, qu’elle avait choisie d’avance, moulante et un peu ordinaire .A la différence des autres hommes, il aimait faire les magasins. Il accompagnait volontiers son épouse et ses filles dans les boutiques de mode . Cela lui rappelait ses anciens métiers. Il savait ce que c’était un beau vêtement, même pas cher et un vêtement ordinaire, même très cher. Et cette robe courte était ordinaire et pas chère .Et cela se voyait. Mais, elle portait parfaitement tout, et même l’ordinaire et même le pas cher. Entre deux baisés, elle chaussa ses vernis, à talon aiguille. Avec deux caresses, il lui couvrit les épaules de son manteau blanc écru, à mi-cuisse quand elle était debout, en haut des cuisses quand elle était assise. C ‘était un manteau  de laine , cintré  à la taille , aux larges poches plaquées et coutures apparentes , qui s'évasait  en trapèze vers le bas , genre Karen Millen , superbement belle , irrésistible , élégante , femme , un joyaux à son bras à lui, Lui qui n’était pourtant pas en reste  ,le plus beau couple de cette soirée  encore pleine de promesses , de promesses parce que croire est toujours plus fort que savoir .Il lui ouvrit la large porte de sa voiture si basse , de sa série 4 de chez BMW , un luxe abordable , mais un luxe tout de même  .Elle descendit dans le carrosse en soulevant amplement ses longues jambes nues sous son collant culotte , sous son collant sans culotte , sans marque du moindre  élastique , un corps fluide et ferme , un corps neuf en apparence ,  sous les mensonges vestimentaires . Elle se régala de l’effet de son charme dans ses yeux à Lui, concupiscents. Son rouge à lèvre étincelait au milieu des cuirs garance, de sa voiture blanche nacrée, un écrin pour une « DS » . Pour une fois, sans souci du voisinage, elle accepta  un long baisée dans le cou, dans le cou pour ne pas toucher à son maquillage, à ses lèvres écarlates, à Elle .

 

Instant rare, instant qui filât  comme le sable de la plage de Chatelaillon   , entre les doigts, comme la vie, comme le bonheur. Et le bonheur pourrait  enfin  être au rendez-vous ce soir.

 

Arrivé près du port de La Rochelle , sur le parking municipal, à une heure ou les restaurants commençaient à se remplir, Il croisât forcement des  connaissances, qui remontaient à pied vers les rues animées .Il n’y eu pas d’échange de mots ou  de bonjour  .Ces amis  eurent la politesse d’adopter un regard neutre, de ceux qui ne l’avaient vu .Elle, elle le sentit se crisper. Elle avait oublié que cet amour pour lui, elle devrait aussi le payer, par  de la patiente, de la compréhension, de la retenue dans ses exigences .Tout le contraire d’Elle. Ce n’est pas facile d’avoir pour amant un homme  connu et encore moins  marié. Cela était un poids  pour elle. Et ce poids, il ne pouvait pas le porter pour elle. Mais définitivement, Il était grillé auprès de la société bourgeoise, celle de ses relations directement liées à son statut social, parce que l’homme est avant tout un être social et même dans les affaires. Cette prise de risque, cet investissement sur Elle, en vaudrait Elle la peine ? Au regard du passé récent, c’était définitivement non. Mais le pire n’est jamais certain. Et la vie c’est d’abord de l’espoir. Et l’espoir était à bord ce soir.

 

Au  « Portishead » , justement  à deux pas du port  de La Rochelle , dans le quartier des restaurants , le pub était  bondé comme tous les  weekends  . En attendant Marie Ange et Stéphan, elle commanda un whisky fumé. Lui, son Amant , qui était  né au pays de l’armagnac, tenait pour négligeable ce breuvage à base de céréales totalement   industriel , disponibles en quantité industrielle  , vendu au prix d’alcools fins et artisanal  , à coup de marketing appuyé et une marge économique dantesque : de l’escroquerie . La nouvelle cible était les bonobos  et les amateurs d’art conceptuel forcement. Lui, il prit une bière anglaise, brassée évidement avec des céréales toutes autant bourrées de produits phyto sanitaire, mais brassée par de vrais artisans. Elle avait gardé un peu de la tension issue de la rencontre du parking. Elle se souvenait de cette main dans la sienne qui s’était raidie tout d’un coup, sur un trottoir trop étroit. Elle qui était toujours dans l’immédiat, ne pourrait souffrir longtemps cette situation. Pour Elle, elle avait toujours vingt  ans.  Sa silhouette faisait fois .Elle pouvait  donc avoir les exigences de la jeunesse. Mais   elle  se leurrait en ne  comprenant pas qu’elle était maintenant  dans l’âge des compromis, des compromis ou de rester devant la porte et de  regarder les autres entrer. Parce que tôt demain , d’un demain  encore  dans  nuit de la veille, dans sa salle de bain , le maquillage défait , les pieds douloureux , l’éphorie de l’ alcool passée  , la fatigue d’une soirée harassante  ,sans ses vêtements lissants  , les seins non soutenus  ,  Elle ferait ses cinquante ans passés , ses cinquante années usée à trainer ses valises de fantômes . 

 

Les plus grands des mensonges restent définitivement ceux que l’on se fait à soit même !

 

 

Déjà une heure d’attentent, car Marie Ange et Stephan était en retard, très en retard même, et les restaurants seraient complets.  Même si il lui tenait toujours la main, avec tendresse et passion, l’Amante passait du bleu au moins bleu et même parfois, au  presque gris. Dans ce contretemps  subit, Elle n’arrivait pas à lâcher  longtemps cette tension  en elle,  toujours dans une permanente  oscillation. Et dans cette soirée qui commençait, leur amour prenait parfois un gout de dilué. Il serait dit que leur  histoire serait d’abord une histoire d’attente. Mais ils étaient ensemble encore pour un long moment , toute une soirée  à partager tous ce qu’ils aimaient, les amis , boire , manger , danser , et surtout s’aimer , les deux , les quatre , autour des mêmes plaisirs , des mêmes passions .

 

Pour meubler une attente qui n’aurait pas dû être interminable, les Amants  avaient passé le temps en discussion, à aborder bien sujets qui n’était pas d’habitude leur centre d’intérêts. Sorti des préjuges et de pres-pensés  , il ne trouva pas grand-chose à lui sortir de la tête . Il  était difficile , à cette Amante , en dehors de son métier, d’avoir une pensée autonome .Cela le déçu un peu .Vivre en couple n’est pas une compétition, mais que la personne avec qui l’on partage tant, soit quand même autre chose qu’une présence, sinon autant prendre un poisson rouge ou un mandarin pour remplacer une Cléopâtre. Et, elle s’agaçait vite.  Il avait remarqué qu’elle n’aimait  pas qu'il lui explique des choses qu'elle ne connaissait pas. Et le malheur voulait que son Amant  ait accumulé tout au long de sa riche vie,  beaucoup  plus de culture et d’expérience qu'Elle .La Sachant, d’habitude, surtout  devant son patatoïde,  c'était elle .Il lui ferait donc  de l’ombre.

 

Mais Lui , il n’arrivait pas à se cantonner à dire que des banalités. Surtout avec celle qu'il aimait. Certes, s’eut été une politesse envers  Elle .Mais il ne se faisait pas à la médiocratie. L’excellence ne pouvait se cantonner qu’au tour de taille.

 

Ses bons amis à Elle  arrivèrent   enfin,  plus d'une heure de retard. C’était  vrai qu'il formait  un beau couple, un couple à l’unisson, pas comme Elle et Lui, souvent dissonant malgré leur belle enveloppe  assortie.

 

 Il y eut une autre tournée de whisky, de trois whiskies et une bière anglaise. Lui, Il eut un reproche sur sa sobriété. Engoncés dans des Chesterfield usés du « Portishead »  cernés par la musique envoutante de l’album « Londinium » du Groupe de « Archive », tous les quatre, de conversation en conversations, ils avaient tous cet étrange sentiment qu’ils ne s’étaient jamais quittés depuis plusieurs semaines . De fait , leur histoire réciproque était parallèle.  Elles avaient commencé le même weekend. Et tout le monde avait pris des nouvelles des uns des autres en continu. Enfin, Lui , l’Amant , il avait  parfois  dû débrancher, pendant les tempêtes  . Et  tant de choses s’était passées dans chaque couple .Mais  le parallèle s’arrêtait là, abrupt. Autant les uns avaient construit une affection linéaire et grandissante. Autant Elle et Lui n’avaient affronté que tempêtes et alternance de soleil, sur sable fin et cocotiers. Mais en moins grand nombres désormais, les cocotiers. Les cocotiers d’ après tempêtes étaient écrêtés, voir décapités pour beaucoup .Cela laisse des traces les tempêtes .Les tempêtes ont souvent des noms de femmes, de femmes pas vraiment fréquentables, de femmes tempêtes.

 

Curieuse ambiance trop amicale mais sans chaleur excessive, un peu sur-jouée , comme souvent avec Elle . L’authenticité des sentiments n’étaient sa préoccupation première. Réellement, Personne n’avait oublié que leur seule et unique rencontre à tous les quatre, c’était le samedi soir de la première tempête,  au Cuba Tropicana, tempête au bout de trois  demies journées seulement , de leur histoire à Elle et à Lui  , cette tempête  qui aurait du tout emporter, celle qui devait le dévaster, Lui, sa vie , sa famille , ses deux décennies d’histoires conjugale  . Au-delà des plaisanteries bennasses, il y avait en filagramme comme une tension, le doux poison de la suspicion envers Lui , l’ Amant . Parce que les amis, cela sert aussi à porter vos doutes, vos vacarmes. Parce que les femmes sont naturellement voyeuses par les oreilles, des histoires d’alcôve, surtout quand elles tournent mal,  Marie Ange  se tenaient au  courant de tous les déboires de son amies, l’Amante et de son nouvel  Amant à l’âme et au corps  soit disant  corrompus. Marie Ange était au courant  impudiquement  de tout, mais dans sa version distillée  comme du whisky ,  par l’Amante . Et Marie Ange , qui le répétait à Stephan , avait eu droit à tous les détails, les détournements de vérités, les saletés qu’Elle, elle avait vomie sur Lui, tout et tout . Mais  ce salop imaginaire, salit par Elle , ce soir , il était là , par un incroyable revirement . Et Elle, elle lui tenait la main, sur la table, à la vue de tous , faire de cet homme qu’elle avait pourtant voulu détruire , déjà par deux fois en quelque semaines , en quelques jours en fait , son homme à Elle . Elle leur avait probablement expliquait qu’Elle, la déesse bénie par les Dieux de l’olympe, Elle sans peur et  sans  reproche, Elle lui donnait ce soir, sa dernier chance .Mais qu’il respire, Lui , un autre air que le sien et il serait mort . Et ses amis l’approuvèrent, la soutenaient, l’encourageaient mêmes, adversaires, spectateurs, juges, arbitres, bourreaux …fossoyeurs de cet amour  qu’il ne voulait pas  pour Elle. Et Lui, pas vraiment dupe , il était là à lire la suspicion dans les mots, dans les yeux des autres, qui attendaient sa chute prochaine. Et à terre, ils pourraient le lapider, le lapider pour lui faire plaisir à Elle, pour étancher sa colère, pour justifier sa déception . Le « charmeur et grand consommateur sans scrupule » serait exécuté par affection pour Elle, par fidélité à Elle, par bêtise surtout,  la lutte sans  classe  plutôt que la chute des iconoclastes.

 

 L’idole allait choir, brisée par celle qui l’avait mise sur sa stèle. Il serait le veaux d’or !

 

Dans l’ivresse de la soirée, bien arrosée, elle lui rendait pourtant se bonheur qui ne devrait  plus  s’arrêter. Le bonheur est parfois aussi dans la bouteille. Qu’importe le flacon … Lui ne perdait rien des regards de ce couple d’amis, leurs interrogations, leur incrédulité sur ce qui se jouait ce soir, devant eux. Il serait les témoins privilégiés de leur histoire à Elle et à Lui , les témoins à charges , car dès le début , Elle , les avaient pris dans la tourmente , dans cette pièce où elle les poussaient malgré eux sur la scène .Et la pièce avait cette fois la ville et le port  de La rochelle comme décor , les clients comme spectateurs , les connaissances des uns et des autres comme critiques , comme senseurs , comme medias .Et eux ils étaient là pour le meilleur et le pire .

 

Le diner «  au Perroquet »  fut honnête, le vin biologiquement moyen, les saillies contre l’ Amant à peine voilées .La table avait visiblement  plaisir à se défouler contre Lui  .C’est bon de casser du bourgeois , du mari adultérin quand eux même  avaient oubliés pour un temps ,  leurs nombreuses défaites conjugales .  Une fois sorti de table,  lentement sous les arcades de la Rue Saint jean du Perrot , parce que s’embrasser dans les rues, tous les dix mètres prend du temps, après avoir contourné le port, ils arrivèrent au bar latino « Le Mojito »  rue du Canard . C’était bondé. C’était à prévoir. Les clients débordaient dans la rue. Des fêtardes cuvaient déjà leur frustration de manques en tous genres, de manque  surtout de contact avec des corps au masculin, qui aurait dû les entreprendre. Et sur la petite piste saturée, danser n’était que prétexte. Les gousses de cacahuètes jetées partout craquaient sous les pieds. Deux lesbiennes, s’épluchaient dans un coin. Malgré le trop plein de monde, elles avaient fait le vide autour d’elles, comme si cela gênait les clients, un peu coincé par la liberté que prenait ses deux jeunes femmes .C’était cet endroit qu’il choisit , Lui , pour poser les manteaux des dames et leur blouson de messieurs .Certains ont des problèmes , Lui avait des solutions .Il s’ adressa à Elles justement .

 

- Prenez en soin ! Ma maman ne me pardonnerait jamais, si je les ramenais souillés !

 

Leur dit-il en leur glissant un clin d’œil complice. Cela  amusa les filles qui aima ient les filles. Elles ramenèrent les affaires vers elles, pour les avoir sous les yeux.  Malgré la centaine de clients, Il avait été le seul à leur adresser les paroles de la soirée. Plus tard, les voyants désargentés, comme beaucoup dans cet endroit ou Elle, Lui et leur couple d’amis faisaient tache, il leur offrit une boisson.

 

Lui, il savait dire merci.

 

Il y rencontra forcement nombre de connaissances, des danseurs et autres personnes avec qui ils partageaient de nombreuses soirées et parfois d’autres activités bien plus importantes. Maintenant trop connu, bien des gens allait se charger de répandre l’attitude volage de ce mari infidèle, de ce couple que tous savait maintenant adultère. Sur le parking, avant le diner, il avait été grillé. Maintenant, il était tout à fait carbonisé. Il la serra contre lui, sans qu’elle comprit pourquoi. Qu’elle folie cet amour !

 

Les heures défilants à la vitesse d'une Etoile filante, d’une Etoile  fumante, le quadrille s’épuisa, tout au long de la nuit dans l’oubli des semaines de tempêtes passées, en salsas endiablées, en bachata langoureuses, ponctuée par des caresses et des baisés impudiques au milieu d’une foule compacte, voyeuse et consentante. Il ne dansa qu’avec Elle .Il n’adressa la parole qu’à Elle .Il n’y avait qu’Elles .Les autres étaient un décor mouvant. De mojitos en mojitos, puis vers la fin , de bières en Perrier , l’ivresse commençait à descendre quand l’ ébriété montait  , livrant des visages bien plus défait qu’en début de soirée . La magie s’étiolait. Et malgré la nuit et les spots, Ils faisaient tous les quatre à nouveau leur âge, et curieusement, tout à coup, Elle, plus que les autres .Ses fantômes étaient passé par là .

 

Il  senti de suite ce changement, ce  visage figé qu’il ne connaissait que trop, ce regard hagard et dangereux.  Il la serra contre lui, pour la protéger  de ses fantômes qui réclamaient  leur pitance, pour retenir cette soirée d’amour et de plaisirs  qui semblait inexorablement Lui échapper maintenant  .Elle, son ivresse tournait au gris .Elle dégrisait en rajoutant du gris sur du gris, du  mal sur  le mal .Puis, sans vouloir se dégager ,  Elle  posa ses yeux inquisiteurs sur Lui ,  bien plus intensément que depuis quelques heures, que depuis quelques jours, pour qu’il ne s’en aperçut point. Ses yeux à Elle, étaient insistants, transperçants, mais vidés de toute  cette tendresse dont ils étaient abreuvés, Elle et Lui, toute la soirée. Elle se régalait peut être déjà de l’effet qu’Elle allait déployer sur lui tout entier. Il attendait sa sentence qui tardait à venir. Et puis, le métal sur sa tempe à Lui,  le canon  vain à claquer …

 

- Quand tu es au milieu de toute ses femmes, tu n’as pas envie d’elles, de les avoir toutes ?

 

Le coup de chevrotine. La chevrotine à bout portant, c’est juste mortel. Une cartouche de vingt-huit plombs  et de poudre noire, bourrée de souffre et de nitrate de potassium, forcément plus noir que gris. Le gris sur du gris, cela devient du noir, du noir total.

 

Il vit bien un coup venir ! Mais pas celui-là. Et  ce coup-là ,  il était saignant ! Il ne vit pas venir ce coup-là et il serait fatal ! Il était pris dans les mailles de sa jalousie maladive, dans les tenailles de la paranoïa de cette femme qui était pour quelques secondes encore son amour, son dernier. Il tenta de se dégager .Mais quoi qu’il dise, il ne serait pas cru .La sentence était tombée sans jugement. Sa fosse était déjà creusée. Son épitaphe déjà gravée. « Ici git le salop inconnu ».

 

- Comment peux-tu me poser cette question ? Je suis là pour toi et uniquement toi. Je n’ai dansé qu'avec toi toute la soirée. Je ne t’ai pas lâché, ni des yeux, ni des mains , ni de toutes mes tripes . Je n’ai vu personne d’autre que toi. Ouvre les yeux, enfin ! Cela ne va pas recommencer !

 

Il regarda pour la première et seule fois de la soirée, la foule qui composait encore la piste. Il n’ y avait là que  des danseuses mal fichues, de petits moyens  qui  avaient bien souvent dansées seules, parce que justement de trop petits moyens .Ce bar de nuit était  le seul qui dispensait de la musique latine en centre-ville . Il  était connu pour ses tarifs accessibles. Et il n’exigeait pas du client qu’il consomme systématiquement, une aubaine pour passer une soirée sans argent. Il était fréquenté le weekend par beaucoup de laissés pour compte,  qui cachaient leur mal être et leur déclassement social , dans une foule rieuse et alcoolisée. L’Amante  n’avait rien à craindre de la concurrence. Cela  rendit sa question encore plus malsaine, encore plus assassine, encore plus surréaliste.

 

A tuer sans raison ,  cette femme  était malade  !  Cette femme était barbare !

 

Voilà, c’était tous ce à quoi Elle avait pensé  au bout d’une soirée consacré à se faire aimer  .Elle ne méritait pas l’amour que son Amant avait pour Elle .Elle ne méritait les risques qu’il prenait pour Elle .Elle ne méritait pas qu’il casse sa vie pour Elle .Elle avait jouée cet amour à la roulette, et Elle avait perdue .L’amour de cet amant lui était acquit, certes , mais pas sa vie !

 

De ses explications à Lui, Elle ne le cru pas bien sûr. Elle ne le cru pas évidement. Elle ne l’écoutait plus. Sa réponse à lui, n’avait aucune importance. En cette soirée, brulé pour Elle où il avait tout tentait, tout espère, s’exposer avec Elle, Elle , pour lui prouver qu’il n’aimerait qu’Elle , tout  cela, Elle , elle déchira sa feuille à Lui , la mise  en boule et la jeta par terre , au milieux des écorchures de cacahuètes et des verres cassés .

 

A une époque ou  pas un media ne relatait  que  femmes battues, violées, délaissés, exploitées, harcelées, oubliant que le combat de la femme dans nos sociétés était d’abord  l’obscurantisme que voulait imposer une autre religion ;  la pensée malsaine et unique, pour se voiler des vrais enjeux, la peur de passer pour politiquement incorrect. C’était comme  vouloir lutter  contre le grand capital et  ses dérives. Le législateur avait compilait des textes de loi , de réglementations en tous sens ,  qui n’avait qu’ atteints finalement que  les artisans et les petites entreprises incapables de fuir le totalitarisme  fiscal  et administratif : résultat , le chômage de masse , la précarité , surtout des femmes , le chacun pour soi , la névrose généralisé et le champs libre à tous les populismes .

 

Curieux amalgames qui procèdent pourtant de la même reproduction de postures et de pré-pensés, soit disant portés par des intellectuels.

 

 Parce que transparente, parce que radio active, la violence des femmes, des mères, étaient interdite de media, de procès  et de jugement. A une époque où l’on condamnait des entreprises pour harcèlement moral, qu’une Femme détruise son  amour, son homme ou  son  enfant, cela était juste à leur aimable discrétion.  Et pour cette Amante en particulier,  il n’avait suffi que de quelques mots  pour  exécuter son amour ; en vérité, une Femme Barbare  !

Rédigé par Alcide SARIN - Romancier & Photographe

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